Jean-Pierre Point, Autoportrait avec les enfants, c. 1978, sérigraphie sur papier.
Il y a quelque chose de beaux dans les objets qui nous entourent, vue de l'exposition de Jean-Pierre-Point, au BPS22, 2023. Photo Leslie Artamonow
Jean-Pierre Point, Le nombre 2 ou deux, mon fils Laurent, 1980. 97x77cm. Coll. de l'artiste. Photo BPS22
Jean-Pierre Point, Il y a quelque chose de beau dans les objets qui nous entourent., s.d., sérigraphie sur papier
Sérigraphie Jean-Pierre Point, sans titre, sd, sérigraphie sur papier
Jean-Pierre Point, Le nombre 2 de mon fils Laurent, 1980, sérigraphie sur papier
il y a quelque chose de beau dans les objets qui nous entourent. 2023. Vue d'exposition. Photo Leslie Artamonow

Jean-Pierre Point

IL Y A QUELQUE CHOSE DE BEAU DANS LES OBJETS QUI NOUS ENTOURENT.

Exposition

Jouant subtilement des rapports de couleurs et usant d’une sensualité par­ti­c­ulière aux matières, Jean-Pierre Point a produit des séri­gra­phies qui appa­rais­sent comme autant d’illuminations du quotidien. L’exposition rassemble une cinquan­taine d’œuvres produites entre les années 1970 et 2000. Des œuvres qui saisissent des moments intimes de la vie familiale de l’artiste et qui célèbrent la beauté simple du quotidien, trop souvent ignorée ou oubliée à force d’y être immergé.

Jean-Pierre Point (1941-2023) porte un nom prédestiné pour embrasser la sérigraphie. C’est en 1968 qu’il découvre cette technique d’im­pres­sion par super­po­si­tion de points colorés qui lui permet de produire en série et de multiplier ce qu’il appelle des images d’images en retra­vail­lant des pho­togra­phies. À cette époque, il s’inscrit dans les mouvements critiques de mai 68 qui dénoncent notamment l’uniformisation des com­porte­ments par les mass media ainsi que, dans le domaine artistique, le modèle économique fondé sur la marchan­di­s­a­tion d’objets uniques.

Jean-Pierre Point participe alors d’un vaste mouvement de démoc­ra­ti­sa­tion de l’art. Il s’agit d’essayer de diffuser largement des œuvres d’art sous forme de multiples pour contrer l’élitisme des galeries et des musées. L’exemple le plus célèbre est les Suites Prisunic, à l’ini­tia­tive de Jacques Putman; des recueils d’estampes originales d’artistes célèbres vendus 100 francs français (environ 15 €) dans les grands magasins du même nom. Et Point persévère en jouant au marchand ambulant dans les rues, placarde des affiches proposant, chez lui, ses séri­gra­phies à bas prix en espérant contourner le marché de l’art établi.

« Mon travail séri­graphique s’inscrit dans ma réflexion sur le statut des originaux et des multiples dans notre con­som­ma­tion culturelle. Certaines œuvres sont uniques et non-repro­ductibles ; cela veut dire pra­tique­ment toute la peinture depuis Lascaux. Mais d’autres disciplines sont riches et vraies, tout en étant au départ des multiples : le cinéma, la musique, etc. Personne ne viendrait à dire : J’ai été voir un vrai Fellini” ou, après un concert, J’ai entendu un vrai Beethoven.” (… ) Multiple ou unique, le vrai problème est de distinguer une expression authentique d’un produit sans âme et d’éduquer à s’interroger sur ce problème. » Jean-Pierre POINT, Con­ver­sa­tion avec Vincent Cartuyvels, Éditions tandem, 2010.


Dans plusieurs textes à vocation de manifeste, Jean-Pierre Point dénonce aussi le formatage visuel de l’époque, appau­vris­sant le regard par des habitudes de perception. L’ensemble de sa pratique séri­graphique va alors être une tentative pour inviter le regard à découvrir toutes les nuances chro­ma­tiques et poétiques de la repro­duc­tion artistique. Ainsi, sous une sérigraphie qui le représente dans son atelier aux murs couverts de ses œuvres, on peut lire :

« (…) j’ai découvert que chaque pho­togra­phie peut éclater en une infinité de variations. Mon travail consiste à produire de telles variations, c’est-à-dire à imprimer, avec trois clichés, des centaines d’images différentes. J’aimerais vous montrer ces images (…) Vous pourrez éprouver les variations illimitées d’une image pho­tographique, libérées des conventions de la repro­duc­tion : produire des images -ou les regarder- est aussi une manière de vivre et implique un changement dans nos habitudes mentales. »

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Commissaire : Pierre-Olivier Rollin
Exposition du 18.02 au 23.04.2023
Vernissage le 17.02.2023

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