Claude Rutault

1941 - 2022 (FR)

Claude Rutault développe depuis plusieurs décennies une œuvre picturale à la croisée de l’art conceptuel, du minimalisme et de la peinture radicale. Fidèle à l’esprit subversif des années 70, il cherche avant tout à déconsacrer la notion même de peinture, en la dépossédant de ses oripeaux tra­di­tion­nels sont le savoir-faire, l’authenticité, l’autonomie ontologique. Rutault remet rad­i­cale­ment en question la validité de toute forme tra­di­tion­nelle d’existence d’un tableau, en désacral­isant le geste artistique lui-même.

Sa démarche repose sur ce qu’il définit comme ses définitions-méthodes” : des protocoles précis d’exécution de ses œuvres permettant à n’importe qui de les réaliser. Selon ce principe, le preneur en charge” –qu’il s’agisse d’une institution, d’une galerie ou d’un col­lec­tion­neur privé– devient acteur de l’œuvre en actualisant” celle-ci, selon les instruc­tions données par l’artiste dans chaque protocole. La toile n’est ni réalisée par l’artiste, ni par son atelier, mais par le preneur en charge” qui se voit assigner la tâche de suivre et d’“actualiser” les instruc­tions données. Celles-ci concernent des aspects aussi variés que le format, la couleur ou la disposition d’accrochage.

Sa première définition-méthode date de 1973 et stipule : « Une toile tendue sur châssis peinte de la même couleur que le mur sur lequel elle est accrochée. Sont utilisables tous les formats standards disponibles dans le commerce, qu’ils soient rec­tan­gu­laires, carrés, ronds ou ovales. » Multipliant les définition-méthode” en les com­plex­i­fi­ant, Rutault déplace la création vers la par­tic­i­pa­tion et la respon­s­abil­i­sa­tion de preneur en charge, redéfinis­sant ainsi les rapports entre l’artiste, l’œuvre et le public ; lequel est informé du processus de per­son­nal­i­sa­tion qui a conduit à la réalisation du tableau présenté.