Ce tapis de seize mètres de long a été réalisé à partir de papier. Il avait été produit pour l’exposition “Papiers libres ” ¹, en 1992, où il était suspendu à l’alcôve d’une fenêtre et retombait tout en se prolongeant sur le sol jusqu’à l’entrée du lieu.
Il évoque un dais royal et confère un décorum singulier, notamment par le motif de fleur de lys qui y est répété. Fleur royale, il s’agit d’un des plus anciens emblèmes au monde et la figure la plus populaire dans le meuble héraldique, incarnant généralement la pureté, même si l’appellation “fleur de lys” n’apparaît qu’au XIIe siècle. Les éléments qui ornent la pièce sont la réplique de carrelages provenant de l’église Saint-Laurent à Virton, récupérés par un parent de l’artiste lors de sa rénovation. Ce qui aurait pu être détruit ou oublié a perduré dans un nouveau contexte, celui d’une maison familiale, et sous une nouvelle forme, dans l’œuvre de Myriam Hornard qui nourrit un intérêt particulier pour ce qui advient aux objets abandonnés. Bien loin des us et coutumes de l’apparat, la pièce est réalisée à partir de matériaux ordinaires. Les figures de l’œuvre apparaissent en négatif et ont été découpées dans un vieux papier peint datant des années 30-40, chiné dans le stock d’un magasin. Elles sont assemblées à l’aide d’un plastique cousu dont la couture délimite chaque motif. Ce long tapis évoque de manière métaphorique une forme de cérémoniel qui n’est autre que la mémoire d’un temps, d’une période et d’un lieu. Il révèle également le contexte dans lequel il est présenté puisque les fleurs prennent la tonalité de l’espace qui l’expose. Ce rapport à la couleur est accentué par le dégradé du papier peint lui-même dont la vaste gamme évolue du clair au foncé. Ce tapis qui se déroule tel une longue traine devient le décor d’une vie empreinte de souvenirs, d’étapes, de changements et de perditions.
1. L’exposition “Papiers libres” s’est tenue du 21 juin au 13 septembre 1992 au Grand-Hornu, Mons (BE).
