Kader Attia
Sans titre, 2015Comme beaucoup d’anciennes colonies, dès que l’Algérie a acquis son indépendance, le pays a continué ce que la colonisation avait initié. C’est le cas de l’usage du béton, une invention de l’Occident, à l’époque de la modernité, qui a globalisé une certaine pensée à la fois du logement, de l’ordre et de l’enfermement. A travers la mise en espace d’une pratique de collage que l’artiste développe de manière régulière comme objet et moyen de recherche de ses réflexions, Kader Attia cite des villes et des architectures d’anciens empires coloniaux qui furent des terrains d’expérimentation pour les modernistes. L’installation confronte l’architecture moderniste de Le Corbusier à celle, vernaculaire, de Ghardaïa, en Algérie. La Chapelle Notre-Dame-du-Haut de Ronchamp, construite dans les années 50 par Le Corbusier, est inspirée de la mosquée Sidi Brahim à El Ateuf, l’un des villages de Ghardaïa, que Le Corbusier a visité au tout début des années 30. Ghardaïa, ville située dans une enclave verte au milieu du désert et peuplée par les Mozabites, musulmans d’un Islam qui a quasiment disparu aujourd’hui, est une architecture aussi aride et solide à l’extérieur, que fraîche et colorée à l’intérieur. Si ces inspirations n’ont pas souvent été avouées, l’esthétique mozabite a profondément influencé les modernistes pour qui l’architecture devait s’inspirer du contexte dans lequel elle serait construite.
- Date 2015
- Technique Installation, technique mixte, photographies contrecollées sur carton découpées, planche et tréteaux, épreuve d’artiste.
-
Dimensions
250 x 120
- Copyright © Kader Attia. Collection de la Province de Hainaut. Photo : Leslie Artmonow