Bénédicte Henderick

Cette sculpture appartient à la série Laetitia B.: autopsy, dans laquelle l’artiste explore la trans­for­ma­tion d'objets du quotidien en formes sensibles, à la fois familières et inquié­tantes. Ici, l'artiste propose une structure tridi­men­sion­nelle évoquant une chambre, espace à la fois intime et codé, qui matérialise les contours du sensible, de la vie émo­tion­nelle. L'ossature légère de cette ​"chambre" en fait une enveloppe fragile, presque immatérielle, comme un dessin dans l'espace. Vide, mais surmontée d'une antenne parabolique, elle devient un capteur d'ondes, une caisse de résonance pour les émotions, les souvenirs, les peurs.

La référence à la chambre parentale –lieu symbolique de l'interdit, de la scène fondatrice ou du refoulé– oriente la lecture vers une tension entre le connu et l'inconnu, entre l'abri et la mise en danger. Le titre de l'œuvre insiste sur le caractère d'abstraction fonc­tion­nelle de cet espace, comme une maquette mentale ou émo­tion­nelle, une archi­tec­ture du souvenir ou du trouble. L'œuvre devient un lieu d'attente ou de projection, vidé de présence humaine mais chargé d'histoires possibles, de scénarios intimes et muets. Fidèle à la logique intro­spec­tive du cycle Laetitia B., Henderick propose ici une sculpture ouverte à l'imaginaire, dans laquelle le spectateur est invité à circuler mentalement, entre les lignes de cette chambre fantôme.