Banks Violette

Cette instal­la­tion est l’un des deux éléments d’une œuvre per­for­ma­tive qui fonc­tion­nait en diptyque. Elle est la trace d’une performance réalisée avec la par­tic­i­pa­tion de l’un des groupes les plus emblé­ma­tiques du drone metal américain, Sunn O))), formé par Stephen O’Malley, complice de longue date de Violette, et Greg Anderson.

En 2006, à Londres, pour son exposition à la galerie Maureen Paley, Banks Violette conçoit une scène en époxy noir pour une performance de Sunn O))), renforcé par Attila Csihar (ex-chanteur de Tormentor et frontman de Mayhem, sulfureux groupe de black metal norvégien). Enfermé dans le cercueil de sel et la voix lourdement amplifiée, Csihar incantait Oracle of the dead, une sorte de livre des morts rédigé en ancien hongrois.

Le public présent entendait le son assour­dis­sant mais ne pouvait accéder à la salle où se produit la performance car celle-ci était fermée ; il ne peut en voir que l’autre instal­la­tion, sorte de miroir inversé, cristallisée dans ce mélange de résine polyuréthane trans­par­ente et de sel qui caractérise son œuvre. Instruments, piles d’amplificateurs, contrôleurs d’effets et panneaux acoustiques semblent pétrifiés en statues de sel, alors qu’un cercueil noir est éclaté à l’avant-scène.

Cette instal­la­tion est l’évocation fan­toma­tique de la performance scénique de Sunn O))). Après que le groupe ait eu fini de jouer, le public découvrait cette instal­la­tion qui devait générer un sentiment d’absence et de perte de ce qui a été. Pour Banks Violette, le sentiment est une réponse émo­tion­nelle intérieure à une mise en scène extérieure. En matéri­al­isant ces scènes évacuées, il crée des lieux où le spectateur projette son attente de voir quelque chose se concrétiser. « Une scène est, dit-il, un endroit où l’on espère que le hasard prendra vie. C’est rarement le cas mais lorsque vous regardez une scène vide, il y a cette possibilité. »