mounir fatmi

1970 (MA)

Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Casablanca, mounir fatmi poursuit sa formation à Rome avant de revenir à Tanger où il réalise ses premières expositions. Très vite, il rompt avec le caractère tra­di­tion­nel de l’en­seigne­ment artistique au Maroc et se frotte à la publicité par le biais de laquelle il prend conscience de la puissance qu’induit la manip­u­la­tion des images.

Au début des années 1990, il jouit de la recon­nais­sance de ses pairs qui le considèrent comme le meilleur peintre con­tem­po­rain du Maroc. En réaction, il proclame sa mort artistique et décide de recouvrir ses toiles d’une épaisse peinture blanche sur laquelle il inscrit sans témoin”.

Pour ne pas sombrer dans l’a­cadémisme, fatmi quitte le Maroc pour travailler et exposer aux quatre coins du globe. Il décide de gommer les majuscules de ses nom et prénom afin d’échapper aux normes ; une manière d’affirmer son refus des formes d’autorité. Il va ainsi décon­stru­ire les clas­si­fi­ca­tions, les con­di­tion­nements, les hiérar­chi­sa­tions et les obligations non seulement dans le domaine artistique, mais aussi ceux présents dans la société.

Artiste mul­ti­dis­ci­plinaire, il met en scène des éléments arabisants pour procéder à une décon­struc­tion du discours occidental porté sur l’Orient. Les sourates (chapitres du Coran) et hadiths (recueil de textes retraçant la vie de Mahomet et ses paroles) extraits du Coran appa­rais­sent de manière récurrente dans son travail depuis les années 1990. Entre 2007 et 2008, il reproduit des cal­ligra­phies coraniques à l’aide de câbles de télévision blancs, vecteurs d’images et alliés du milieu médiatique.

Héritier du minimalisme, son travail à la fois politique et poétique traite de la désacral­i­sa­tion de l’objet religieux, de la décon­struc­tion, de la fin des dogmes et des idéologies et s’intéresse spé­ciale­ment à l’idée de la mort de l’objet de consommation.

En utilisant des matériaux et des tech­nolo­gies en cours d’obsolescence et au devenir incertain (cassettes VHS, anciennes machines à écrire, câbles d’antenne), il remet en question le transfert de con­nais­sances, le pouvoir suggestif des images et critique les mécanismes illusoires qui nous lient aux idéologies et à l’effondrement de notre civil­i­sa­tion indus­trielle et consumériste.