ORLAN

1947 (FR)

Née à Saint-Etienne, en France, en 1947, ORLAN pratique très tôt la peinture, la danse, le yoga et le théâtre. Elle réalise ses premières per­for­mances au milieu des années 60, utilisant son corps comme matériau sculptural. Ses per­for­mances, qui affirment le corps de l’artiste comme médium artistique à part entière, l’imposent comme l’une des précurseurs du genre en Europe. Dès ses débuts de plas­ti­ci­enne, elle impose son nom d’artiste qu’elle définit comme son « nom de guerre » : ORLAN, et qu’elle écrit avec des lettres capitales.

Délibéré­ment mul­ti­dis­ci­plinaire, ORLAN diversifie les techniques et les supports, afin d’explorer les questions liées à l’identité féminine en trans­gres­sant la vision occidentale du corps telle que l’a notamment construite la tradition chrétienne. Ce sont, dès le milieu des années 70, les grandes séries d’autoportraits en madone qui sont autant d’interrogations sur le baroque, considéré comme le double exubérant du classicisme. Son corps devient alors, selon ses dires, « le lieu d’un débat public », tandis qu’elle se pose en figure prépondérante des pratiques artistiques féministes européennes.

Sous cette même forme, ORLAN réincarne également les personnages féminins emblé­ma­tiques de l’histoire de l’art. En 1977, sa performance « Le Baiser de l’artiste », dans laquelle elle monnaye un baiser en échange de cinq francs, provoque un véritable scandale en raison de la jux­ta­po­si­tion de la figure de la vierge et de la putain. Aujourd’hui dans les collections du Musée National d’Art Moderne Centre Pompidou, à Paris, cette œuvre est considérée comme l’un des chefs-d’œuvre du XXe siècle.

En 1978, ORLAN crée le Symposium Inter­na­tion­al de Vidéo et de Performance de Lyon, premier grand événement consacré à ces nouveaux médiums artistiques. Hos­pi­tal­isée d’urgence lors de la seconde édition de ce symposium, en 1979, elle décide de filmer l’intervention. Cet acte l’impose comme pionnière de l’utilisation de la chirurgie à des fins artistiques. Elle réalise ensuite ses per­for­mances chirur­gi­cales entre 1990 et 1993 et les théorise dans son Manifeste de l’Art Charnel (1992). Son corps devient un ready-made modifié, afin de cor­re­spon­dre à des modèles qu’elle choisit librement dans l’histoire de l’art. Oscillant entre défig­u­ra­tion et refig­u­ra­tion, ses per­for­mances bannissent toute forme de douleur (à l’inverse de l’art corporel) par le recours assumé à l’anesthésie.

Depuis, ORLAN, dont le pseudonyme est volon­taire­ment asexué, affirme son corps comme laboratoire de l’altérité. Elle ne cesse de réaliser de nombreux travaux sur l’hybridation, en y incluant les biotech­nolo­gies, posant toujours les développe­ments tech­nologiques comme pos­si­bil­ités d’un progrès humain, social et politique.