Margaret Harrison

1940 (GB)

L’artiste britannique Margaret Harrison, née à Wakefield, élabore, depuis le tout début des années 1970, un art radical au service du féminisme. Elle détourne les hiérarchies entre les genres et réunit, sans distinction, dans son travail, histoire de l’art et culture populaire. Reprenant à son compte des stratégies du grotesque comme l’exagération, la parodie et la subversion, elle questionne avec humour les codes et stéréotypes cloisonnant les genres.

En 1971, sa première exposition personnelle dans une galerie de Londres est fermée par les autorités pour « indécence », après une seule journée, et un dessin représen­tant le mil­liar­daire Hugh Hefner en tenue de Bunny Girl (He’s Only a Bunny Boy but He’s Quite Nice Really) est volé. L’artiste abandonne pro­gres­sive­ment ses dessins satiriques. Elle s’engage alors dans une réflexion, qui traverse l’ensemble de sa carrière, sur les conditions de travail des femmes issues des classes populaires, dans la campagne anglaise et aux États-Unis. Attentive aux évolutions économiques et sociales, elle crée plusieurs corpus d’œuvres fondés sur des enquêtes soci­ologiques poussées. Chacune de ses expositions se double d’actions per­for­ma­tives et militantes.

Dans les années 1990, l’artiste reprend certains dessins satiriques, abandonnés après la controverse de 1971, et redessine des personnages de bandes dessinées célèbres aux côtés d’icônes de l’histoire de l’art. Elle continue à interroger les attri­bu­tions de genre, mais en les confrontant à des figures iconiques de l’histoire de l’art, comme dans Two Princesses, Two Hands où Batman, en robe de soirée, fait face au tableau de l’Infante Marguerite d’Espagne peint par Vélasquez.

Harrison est aujourd’hui une figure majeure du mouvement de l’art féministe en Grande-Bretagne et au-delà.