Priscilla Beccari

Les jambes féminines, motif récurrent chez Beccari, sont dans cette peinture démul­ti­pliées, fusionnées à un siège d'enfant, étape de la vie largement abordée par la plas­ti­ci­enne dans son œuvre. Ce fauteuil, iden­ti­fi­able dans la mémoire collective comme un objet du quotidien domestique, se transforme ici en être hybride: ni tout à fait objet, ni tout à fait corps, mi-femme, mi-meuble.

Ce croisement grotesque entre le féminin et le mobilier enfantin permet à l'artiste de questionner le rôle social des femmes, et plus précisément des mères, réduites à la fonction, à la disponi­bil­ité, à la présence attentive. Les jambes deviennent ici un langage, un cri muet ou un appel à l'aide, un corps fractionné par ses respon­s­abil­ités. Le dessin prend ainsi la forme d'une dénon­ci­a­tion douce mais déterminée, où l'enfance et le féminin sont abordés sous l'angle de l'assignation sociale, de la fusion et de l'effacement.